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70 km/h sur le périphérique, le débat est ouvert


Depuis que Manuel Valls s'est déclaré favorable à cette mesure, la Ville de Paris espère pouvoir débloquer un dossier dont la finalité reste floue.

La nuit concentre tous les dangers mais pas seulement, comme l'a prouvé une course-poursuite un matin, qui s'est mal terminée récemment pour trois policiers."70 km/h demain, et pourquoi pas 50 après-demain, et 30 le mois prochain ? S'il y a un intérêt à ralentir autant les voitures, pourquoi ne pas aller plus loin ?" Ce chauffeur de taxi parisien ironise sur cette nouvelle lune de Bertrand Delanoë et la confronte à la réalité vécue au quotidien, celle des embouteillages qui lui interdisent l'essentiel du temps de rouler à une telle allure sur le périphérique parisien. Pourtant, le projet est bien dans l'air depuis que Manuel Valls, le ministre de l'Intérieur, s'est dit "favorable" à une baisse de 80 à 70 km/h de la vitesse maximale sur cet anneau routier qui ceinture Paris au plus serré.

Ce feu vert, peu argumenté pour le moment, du ministre de l'Intérieur vient cependant mettre un terme au refus obstiné de la préfecture de police de suivre le maire sur cette nouvelle lubie. Peut-être redoutait-elle déjà d'avoir à organiser un Paris Plages chaque été sur cette voie rapide urbaine, que, dans son for intérieur, le maire aimerait voir repoussée bien plus loin des portes de la cité. D'ailleurs, il mène bataille avec détermination depuis des mois, depuis que le Conseil de Paris a adopté en juillet 2011 un voeu en faveur de cette mesure d'une baisse de 10 km/h de la limitation. Le maire de Paris nouait là un premier succès après avoir essuyé à plusieurs reprises, sous le précédent quinquennat, plusieurs refus. Il avait opportunément renouvelé ce souhait à l'été 2012, à la faveur de l'arrivée de la nouvelle majorité.

Pronostic au doigt mouillé

On voit donc mal comment l'administration pourra s'opposer plus longtemps à ce souhait dont les conséquences sur la qualité de vie parisienne semblent trop belles pour être vraies. Selon Julien Bargeton, adjoint PS au maire de Paris chargé des transports, une telle baisse aurait "un impact positif en termes de sécurité routière, de lutte contre la pollution et contre les nuisances sonores". Les Verts lui emboîtent le pas avec le candidat EELV à la mairie de Paris, Christophe Najdovski, qui assène : "Cette mesure, qui ne coûte rien, permettrait, selon les estimations de Bruitparif, de diminuer de 30 % la population exposée à des niveaux (de bruit) dépassant les limites le jour et de 55 % la nuit." Une estimation qui laisse perplexe pour l'ampleur des résultats rapportée aux nuisances les plus graves, celles émises par des deux-roues en échappement libre, et qui ne mobilisent pas beaucoup les contrôles policiers. Et là, 70 ou 80 km/h ne changera rien à l'affaire. Quant à la diminution de la pollution et des accidents, cela relève plus du pronostic au doigt mouillé que de l'étude scientifique.

La Ville défendra à nouveau sa position lors d'un comité interministériel de la qualité de l'air (CIQA), prévu mercredi prochain. Le dernier en date avait déjà abordé le sujet, recueillant les avis favorables des ministères de l'Environnement et des Transports, mais s'était attiré de nouveau le refus du ministère de l'Intérieur, pourtant devenu socialiste. Celui-ci sait que les plus grosses pollutions sonores sont nocturnes, à une heure où les plus inconscients ajoutent un bon 100 km/h aux limitations en vigueur. Radars ou patrouilles n'y font rien, les 35 kilomètres du périphérique, qui voit défiler jusqu'à 1,1 million de véhicules par jour, deviennent un anneau de vitesse la nuit. L'installation de nouveaux portiques radars sur le périphérique est sans doute la solution la plus avisée, si, pour autant, ils parviennent à identifier les véritables contrevenants.